Quel accès aux soins pour les lotois ?

Cahors - jeudi 9 janvier 2014
Débat organisé par l’Agence Régionale de Santé.

    Quelques commentaires, de la part de 2 personnes de la liste "A Cahors l’Humain d’Abord" qui ont assisté à ce "débat public" qualifié « d’outil de démocratie participative » par Marie Odile Delcamp, maire de Gourdon.



1°) D’abord un sondage, car ça fait sérieux!

   Avant de discuter, on nous présente une enquête comparative auprès de 500 lotois, les réponses étant ensuite comparées à celles de 500 français en général. Il ressort donc, qu’en effet, l’accès aux soins est moins facile dans le Lot qu’ailleurs, surtout dans le Nord  du département, et quand il s’agit de consulter des spécialistes (dermato, ophtalmo, psychiatre) - mais le clivage social ou économique n’apparait pas dans ce sondage - seule la différence entre ville et campagne ressort...
Mais l’association « Territoires solidaires 46 » souligne tout de même qu’on n’a évidemment pas interviewé les précaires, ou SDF auxquels elle a à faire et qui retardent considérablement le moment de consulter un professionnel de santé justement pour cette raison de coût. Ceci est également confirmé par le Dr Darreye (généraliste à Vayrac) qui souligne que le coût entraîne déjà des retards à consulter mais devient un problème  plus net dès qu’il adresse un de ses patients à des correspondants spécialistes, car ceux-ci pratiquent parfois des dépassements d’honoraires importants...

    Bien évidemment, une enquête de « ressenti » n’aiguille pas le débat qui suit son exposé, vers les vraies causes des disparités géographiques. Le terme de dépassement d’honoraires ne sera cité que par ce médecin et une seule fois. Or ceux-ci ont complètement explosé depuis dix ans et les consultations dans les grandes villes sont très chères, ce qui assure un revenu bien plus confortable aux médecins qui y exercent. Forcément les médecins sont plus nombreux à rechercher une installation à haut revenu, qui leur permet en plus d’avoir un accès privilégié à de bons établissements scolaires pour leurs enfants et ne posent pas trop de problèmes pour les gardes ou astreintes diverses puisqu’ils sont plus nombreux... On voit mal comment cette dérive naturelle de la médecine libérale peut être combattue, si on ne l’identifie pas clairement, et si on ne soutient pas  les autres possibilités d’exercer la médecine  et d’accès aux soins que sont des centres de soins, ou dispensaires  publics gratuits pour les patients et à bonnes  conditions de travail pour les professionnels.

   Dans le document remis aux participants, intitulé « stratégie nationale de santé », les intentions globales du Ministère sont énoncées, pleines de belles phrases, de nobles intentions aussi vagues, que générales, et rapidement on sent bien que personne, du Gouvernement PS, ne va s’attaquer clairement et résolument au système générateur d’inégalités sociales et territoriales. Seul point clairement identifié : la généralisation du Tiers-Payant pour les consultations, qui est certes une bonne chose, mais c’est tout ce qu’il y a de concret. Encore une « étrange capitulation » en perspective !


2°) Un « outil de démocratie participative » ?

   Et là, c’est comme une "intention de", un alibi de consultation auquel on est vite confronté. De qui souhaitait-on l’avis ? Des citoyens ? Alors pourquoi commence-t-on par réunir une table Ronde de Directeurs d’établissements et d’élus à prestige? Chacun d’eux parlera à son tour, généralement pour vanter ce qui se fait  de bien, et clamer les qualités de ses services.... et on enfonce des portes ouvertes, naturellement... Après, le public peut poser des questions. Un père d’enfant traumatisé crânien intervient alors, mais il est long, enfin, trop au goût de l’animateur qui l’invite à abréger... car naturellement il a à se plaindre de la difficulté qu’il a eue à faire hospitaliser son fils agité et violent, que personne apparemment ne voulait transporter... Ce type de problème sera repris lors de la 2ème table ronde par Jo Guillaumin, qui était représentante de l’UNAFAM, association des familles ou amis de malades ou handicapés psychiques. Elle souligne également le manque de concertation entre les institutions, transporteurs, urgences et autres dans un exemple, demandant simplement qu’un protocole soit constitué entre les acteurs de soins, les différents lieux de prise en charge pour éviter ces difficultés. Il lui sera reproché par un cadre du CHS de Psychiatrie d’avoir été un peu trop critique... (Ceci ne concernait pas le bassin de Cahors, où il existe un tel accord, et où les Urgences de l’Hôpital disposent d’une antenne spécialement dédiée à l’accueil des personnes présentant des troubles psychiatriques).

   De même Chantal Dellac, déléguée CGT de l’Hôpital de Figeac, n'a pu développer complètement son point de vue car c’était un peu long, ou bien pas adapté à cette table ronde, et très vite on demande à un des ténors de lui répondre. Il lui reste la solution de transmettre par écrit à l’ARS, ce qu’elle a à dire... car elle n’aura pas la parole deux fois...

   Combien de non-professionnels de santé dans le public? 5 ou 6 c’est tout. Bien des personnes ne diront rien donc... Un Lycéen de Gaston Monnerville a été retenu pour la 2ème table ronde et vante combien ils sont bien informés de tout dans son Lycée, et cela pouvait continuer de ronronner ainsi, quand quelqu’un demande tout de même si concernant la contraception et l’avortement tout est si aisé ???? et là instant rare : une petite jeune fille toute menue dit alors nettement et fermement qu’elle a subi une IVG la semaine passée et qu’elle estime n’avoir pas eu toutes les informations nécessaires ce qui crée une sorte de choc salutaire dans le déroulé de la grand-messe.

    Enfin, Marie Piqué en tant qu’adjointe chargé de la scolarité, vient tempêter sur l’absence de la Médecine scolaire, des dépistages qu’elle pratiquait dans le passé, la disparition des RAZED, donc la catastrophe pour la prévention... Les journalistes s’empressent auprès des intervenants des tables Rondes... 3 heures, un débat minimaliste, mais bon, le contrat est rempli, ils pourront dire qu’ils ont consulté la population... On a même un questionnaire  à remettre à la sortie, bien guidé, c’est à dire à cases à cocher sans beaucoup de  place pour ajouter autre chose...

    Vraiment, pour nous, la démocratie participative ce n’est pas ça !!! 

3°) Des Fonds Publics pour quoi faire ?

   Monsieur Pouget, maire de Lalbenque, est là pour vanter la création récente dans le Bourg de la Maison de Santé. « La mairie a construit le bâtiment (700 m2) 1.140000 € plus des fonds européens, plus la Région et le Département et enfin un emprunt de 450.000 € dont les annuités sont réparties entre les professionnels : dentiste, kiné, infirmier, orthophoniste, podologue... et télémédecine pour les contacts permettant une médecine plurielle...» Un médecin, dans le public dénoncera l’aspiration de fonds publics, et c’est bien le cas ici, puisqu’à part payer un loyer pour rembourser l’emprunt, le plus gros est payé par les fonds publics... pour un exercice privé, libéral.
    Ce n’est pas nouveau, mais ce n’est pas ce qui peut permettre aux services publics de  se développer, c’est même ce qui peut le plus sûrement les tuer. Les centres de santé financés par des fonds publics doivent fournir un service public accessible à tous, tendant à la gratuité.
 

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