Courrier aux Conseillers communautaires du Grand Cahors

   I.Eymes                                                                 Communauté d'agglomération        
@Cahors l'Humain d'Abord                                                                Grand Cahors
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                                                                                Cahors, le 22 mai 2014
                                                                        
A l'attention des Conseiller-ère-s communautaires du Grand Cahors

Objet: Demande de rendez-vous au sujet des installations ferroviaires entre Mercuès et Capdenac.


Madame, Monsieur,

Conseiller-ère-s communautaires, nous siégeons au sein de l'assemblée délibérative du Grand-Cahors, structure intercommunale créée pour favoriser le développement harmonieux du territoire communautaire et aborder les problématiques collectives. Permettez-moi donc, par la présente, de vous suggérer celle de la mobilité et, de façon plus globale, celle du transport sur notre territoire.

L’avènement de la voiture automobile, les politiques du foncier et de l’immobilier, la main tendue des collectivités rurales engagées dans la sauvegarde de la vie des villages ruraux ont des effets «collatéraux» : éloignement des lieux de travail, d’études, de santé, de commerces, des lieux de loisirs et de culture. Ils engendrent des déplacements qu’accompagnent un cortège significatif de nuisances (environnementales, économiques, visuelles, sonores...) et de sécurité routière. Ces questions dépassent le cadre strict du seul périmètre de la commune de Cahors pour concerner chacune des communes du Grand Cahors.

Les élections de Mars 2014 ont vu notre  Conseil Communautaire  renouvelé de moitié, donnant à chacun-e d'entre nous la légitimité et la responsabilité de ré-interroger  les réalités des coopérations intercommunales attachées à l’intérêt général et les projets qui s'en prévalent.
Voici pourquoi, « @ Cahors l'Humain d'abord » (ACHD), dont je suis la représentante élue, tenons à vous soumettre quelques éléments de réflexion sur le devenir de la voie ferrée Cahors-Capdenac (ci-joint le tracé en annexe). Car en effet, sur ce sujet, deux projets se télescopent: la déferrer pour la transformer en «Voie Verte» (projet Conseil Général) ou la réhabiliter pour la réaffecter au transport des personnes et des marchandises.

Une «Voie Verte» :  pour répondre à quels besoins ?

Au cœur d’un patrimoine naturel déjà exceptionnel pour les loisirs de nature, le département du LOT ne semble pas souffrir d'une insuffisance de circuits cyclables, pédestres ou équestres. Avec ses 700 kilomètres de chemins de Grande Randonnée (dont certains classés au patrimoine mondial de l'UNESCO) notre département est magnifiquement pourvu.
En opposition, l'attrait touristique des 4 kms de tunnels et des longues portions enclavées que comportera le trajet (dé)ferré semble bien faible. Le projet « voie verte » résistera  bien difficilement à la beauté de l'existant. Pour exemple, que conseillerons nous aux visiteurs : emprunter le magnifique chemin de halage taillé dans la falaise de Bouziès ou les 1,5kms de tunnel qui lui font face ?
Admettons toutefois que, malgré tout, le seul critère touristique soit suffisant à la viabilité de ce projet. L'étude INDDIGO commandée par le Conseil Général du Lot, annonce des chiffres de fréquentation contradictoires : 7000 visiteurs/an, puis 111000/an quelques mois après...(?).
Ce potentiel entre en complémentarité… ou en concurrence directe avec les offres déjà existantes et vantées sur tous les sites pédestres et cyclotouristes, ainsi qu'avec la navigabilité du Lot. Cet impact n'a pas été étudié.
Sur CAHORS cette opération Voie Verte veut consacrer «un plus important pour le sport-santé… un aménagement très apprécié» (selon le Cahors Mag n°61)... pour un usage «cadurco-cadurcien».
Pour le GRAND CAHORS l’intérêt est bien moins perfectible, le tracé passant en dehors des bourgs et étant parallèle pour une bonne part aux chemins déjà existants : quels enjeux touristiques ? quelles retombées pour l'économie locale ?
Pour le DÉPARTEMENT, quels emplois (saisonniers) à la clé pour un coût estimé de 24,58 millions d'euros? (étude INDDIGO Octobre 2013).
D'après une enquête réalisée par le cabinet TRANSVERSALES spécialiste des questions ferroviaires, ce montant ne comptabilise ni  les 14 kms de voie du train touristique (exploitation privée) évalués à 7,2 millions d'euros, ni l'entretien quotidien des infrastructures nombreuses sur le tracé (éclairage des tunnels à la charge des communes), ni les travaux «d'hercule» à réaliser sur le tronçon Cahors-Mercuès.
L'étude INDDIGO ne permet pas de relier les 2 territoires contrairement au cahier des charges, (arrêt à la Madeleine 10 km de Figeac et Capdenac). Cette portion a été exclue à cause des coûts importants qu'elle engendrerait.

Enfin, se pose la question de la responsabilité des communes et des élu-e-s en cas de problème ou d'accident. C'est un aspect peu évoqué mais néanmoins préoccupant: quelle sécurisation des utilisateurs dans les tunnels et sur les 51 passages à niveau qui jalonnent l'intégralité du trajet ?

Vous êtes juge d'apprécier les besoins auxquels répond ce projet de «Voie Verte». En tout état de cause, il condamne définitivement la vallée du Lot et ses habitants à la dépendance au mode de transport routier avec toutes ses conséquences (pollution, hausse du coût de l'énergie).

Une «Voie Ferrée » :  pour répondre à quels besoins ?

L'installation ferroviaire existante représente un potentiel de développement économique et social majeur pour le département du Lot et une « chance » pour le Grand Cahors. Son tracé existant, inséré dans les méandres de la rivière, inspire la raison, suscite la réflexion pour déterminer, dans le cadre inéluctable du besoin de transition énergétique, où situer l’intérêt général pour un investissement lourd, et pas seulement fléché sur la période estivale.

Pour CAHORS, la voie ferrée réhabilitée permet l'entrée en ville en site propre, «désengorge» la cité de la voiture (cf enquête Quercy énergie) et affecte une nouvelle centralité à la gare. Belle opportunité pour transformer cet espace en pôle d’échange multimodal, et proposer aux citadins du Grand Cahors (ainsi qu'aux touristes) de trouver en une même unité de lieu la palette des solutions des transports urbains (vélo, taxi, réseau des bus urbains et scolaires, des trains régionaux ou inter cités …).
Pour le GRAND CAHORS ce projet de transport public vers la préfecture et par extension vers l’ensemble du réseau permet une valorisation et une participation au développement économique et touristique plus équilibré et beaucoup plus large de l’ensemble des communes concernées. De Mercuès à Tour de Faure, une desserte régulière de type "tram- train" (*), faciliterait le lien des bourgs du Grand-Cahors avec la ville centre, ceci, pour toutes les catégories de citoyens. L'intérêt de toutes et tous (jeunes ou personnes âgées, salarié-e-s, etc..) n’est pas à démontrer.
Pour le DÉPARTEMENT : diminution du nombre de camions sur les routes lotoises (Transport /fret), désenclavement préfecture/sous-préfecture, du Cantal et de l'Aveyron, connexion des bassins d'emploi Cahors/Figeac, gain de temps par rapport au trajet routier et sécurité du déplacement. La route qui est obsolète en grande partie ne permet pas d'améliorer les échanges entre ces 2 territoires.

Quelles seront les retombées économiques ? Ce projet de réhabilitation est générateur d’emplois dans sa phase de réalisation et dans sa phase d’exploitation imaginée en régie publique, c'est-à-dire à partir d’emplois non saisonniers (fréquentation voyageurs estimée 2000/j).
Les financements (au total 30 millions d'euros) sont croisés : Union européenne, SNCF, RFF et Région Midi-Pyrénées et non basés sur le seul financement incombant aux contribuables lotois-e-s dont les Grands Cadurciens (participation Travaux pour plus de 3 Millions – DOB du 15.04.2014).

Vous êtes juge d'apprécier les besoins auxquels répond ce projet de réhabilitation. En tout état de cause, un véritable projet de transport collectif public pour les habitants et les touristes sur l'intégralité de la ligne (formule vélo-train) est compatible avec «un train touristique». Il apporte des réponses pour TOUS. Il maintient et renforce le nécessaire service public ferroviaire sur les territoires. Il assure le développement de la vallée dans sa globalité avec une vision d’avenir ambitieuse. Il représente un potentiel important de renforcement et de développement de la Ligne POLT (Fret, Voyageurs, tourisme). Il anticipe une transition énergétique volontariste et efficace.

Dans l'immédiat, le projet suit son court, faisant malheureusement abstraction de tout débat sur le fond. Par ailleurs la réalisation d'un tel projet, initié par le Conseil Général, ne sera-t-elle pas affecté par la disparition de cette collectivité territoriale en 2016 (selon les souhaits du Président de la République le 06.05.2014). N'est-il pas alors indispensable de rediscuter les enjeux?

RFF et la SNCF, sous prétexte de travaux sur la ligne POLT, prévoyaient le week-end de l'ascension de déposer l’aiguille d’accès à la ligne côté Cahors, entraînant ainsi sa mort. L’Association «ARLFCCF» a obtenu l'engagement de la SNCF de ne pas démonter cette infrastructure essentielle à la survie de la ligne. Un collectif élargi s'est mis en place. De plus en plus de voix s'élèvent pour demander, sinon l'abandon pur et simple du projet, du moins son moratoire. Nous avons, à ce sujet, sollicité un entretien avec le Président du Conseil Général.

Mais nous, élu-e-s de proximité, Maires et conseillers, qu'en disons nous ?

Espérant avoir attiré votre attention sur un projet qui engage l'avenir du Grand Cahors et de notre département et dans l'attente de votre réponse concernant notre proposition de rencontre, recevez, Madame, Monsieur, cher-e-s collègues, mes sincères salutations.

                                                                                          Isabelle Eymes
                                                                               @ Cahors l'humain d'abord


Nous serons présents dès 10h le 30 Mai à la gare SNCF de Cahors, et vous invitons à nous y rejoindre. Expo photos et manifestations sont organisées sur le week-end de l'ascension par le collectif pour informer la population des enjeux d'un tel projet.

NB : Ce courrier s'inscrit dans un contexte de travail entre l'Association pour la Réouverture de la ligne ferroviaire Cahors-Capdenac-Figeac (ARLFCCF), le Groupement d'Associations de Défense de l'Environnement du Lot (GADEL) et le collectif «@ Cahors l'humain d'abord» (ACHD).

(*) Le Premier Ministre JM AYRAULT a inauguré le 28 février 2014, un tram-train entre Nantes et Chateaubriand sur une voie ferrée désaffectée depuis 30 ans.
Le tram-train de Mulhouse était le premier tram-train interconnecté de France à son entrée en service en décembre 2010. Ce tram-train relie Mulhouse à Thann, depuis le 12 décembre 2011.

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