Délib 9-10-11 : CONTRE
Même si nous notons dans le programme qui nous est présenté ce soir des points positifs comme par exemple le dispositif "cœur d'agglo" nous réitérons ce soir la question de l’efficacité du dispositif de vidéo-surveillance au regard des sommes investies et des effets qu’il est censé produire en matière de prévention de la délinquance. Vidéo-surveillance que vous nommez ici pudiquement vidéo-protection.
Pour vous éviter de nous stigmatiser en nous accusant de ne pas tenir compte des préoccupations de nos concitoyens ou bien encore d'être dans une opposition systématique à tous projets nous allons vous faire part des éléments sur lesquels nous nous appuyons pour fonder notre avis négatif sur la question.
D'abord un rapport de la cour des comptes de 2011 par lequel elle pointe la faible professionnalisation des polices municipales. Or, Opérateur de vidéosurveillance, est un métier qui requiert des compétences techniques et le respect d’obligations déontologiques particulières. Et vous n'en dites rien dans votre programme.
La Cour des Comptes établie une valeur moyenne d’exploitation de 7400 euros par caméra et par an, coût de fonctionnement que vous n'abordez pas non plus. Rémunération des personnels, maintenance des équipements et loyer de la fibre optique... Combien cette exploitation va-t-elle coûter chaque année aux cadurciens? On ne sait pas.
La Cour des Comptes rappelle que la préservation de la sécurité publique incombe principalement à l’État qui « exclut de devenir lui-même un opérateur mais demande aux collectivités de tenir à sa disposition les images qu’ils recueillent ». Donc si la finalité du système est l’élucidation des faits de délinquance, compétence exclusivement régalienne, pourquoi serait-ce aux collectivités de régler la facture ? La demande de l’État d'implantation en entrée et en sortie de ville n'est rien moins qu'un transfert de charge de l’État sur le contribuable cadurcien.
Quid de la Préfecture ? Dans l’histoire, le préfet est juge et partie : pressé par le ministère de l’Intérieur de promouvoir la vidéosurveillance auprès des élus pour coller aux consignes nationales, il délivre des autorisations même là où la délinquance baisse. Et nous allons le voir elle baisse.
Donc les chiffres : Les chiffres de la délinquance du département du Lot le classe 8ème département sur 97 au niveau national des départements où la délinquance est la plus faible.
A titre indicatif, le nombre de faits enregistrés par les services de police et de gendarmerie pour la zone du département du Lot ainsi que celle où est située Cahors, a évolué de la manière suivante sur une année:
baisse de -18,69% du nombre de cambriolages d'habitation principale,
baisse de -18,75% des vols violents sans arme sur les femmes,
baisse de -36,36% des viols sur majeurs,
baisse de -28,57% des mauvais traitements sur enfants,
baisse de -30,51% de la falsification et l'usage de carte de crédit,
hausse du nombre de vols de voitures de 36,08%,
hausse de l'usage de stupéfiant de 28,22%,
hausse du travail clandestin de 46,15% ( délinquance économique ).
Même si Cahors s'illustre dans les vols concernant les voitures, on comprends bien que ce ne sont pas ces chiffres qui légitiment l'implantation des 26 caméras.
Du reste là aussi vous ne donnez aucune information.
Pour Cahors les chiffres sont inférieurs à la moyenne nationale en ce qui concerne les violences faites aux personnes mais légèrement supérieures en ce qui concerne les vols et les dégradations notamment les vols liés aux automobiles et les cambriolages ( 68% contre 66% ). Détaillons un peu les cambriolages et l'on voit qu'en ce qui concerne les résidences principales Cahors (3,31%) est en deçà des chiffres de Midi-Pyrénées (4,03%) et de France (3,04%).
Je passe sur le dispositif de floutage des images qui sont facilement défloutées dès que besoin par les services de police et dont l'exploitation pose la question du respect des libertés individuelles.
En dernier lieu attardons nous sur l'Enquête du Grand Cahors menée récemment dans le cadre du projet de territoire : Trois quarts des enquêté-es déclarent se sentir en sécurité que ce soit dans le centre historique (73,8%) ou dans le reste de la ville (76,0%).
La problématique la plus importante mise en avant dans cette enquête n'est pas la sécurité mais les questions de mobilité.
Enfin l'efficacité douteuse du dispositif. Si l'on peut constater quelques avantages à la vidéosurveillance – comme déterminer quels effectifs de police mobiliser en fonction de la gravité des faits, interpeller en flagrant délit, modifier les itinéraires des patrouilles – les citoyens doivent savoir que les caméras de rue ont un apport très limité à la répression pour un prix très élevé. En effet, les statistiques démontrent que la vidéosurveillance a un impact quasi nul sur le taux de délinquance, au mieux seul le sentiment d'insécurité régresse.
En fait, le rôle préventif de la vidéo-surveillance n’a été démontré que dans les seuls lieux fermés comme les centres commerciaux où les délits ont effectivement été réduits de 50%.
Et quand bien même, on constatera une diminution des délits dans les endroits ouverts où sont placées les caméras, je vous mets ma main à couper qu'on observera en même temps qu’ils se seront aussitôt déplacés là où il n’y en a pas.
Alors allons nous mettre des dispositifs partout dans les lieux publics ? Mais non!
D’autres politiques de prévention et de sécurité publique sont possibles : c’est dans l'humain et le social que réside l'origine des problèmes, c’est là également que se trouveront les solutions durables et non dans les nouvelles technologies comme vous le glissez au passage et entre parenthèses. La fameuse "smart city" ou le mirage d'une ville connectée qui promeut une gestion automatisée des infrastructures pour améliorer la qualité de vie des citoyens. (Le 1er forum a eu lieu en 2014 à Toulouse à l"initiative de M. Moudenc)
A l'inverse, nous pensons que c'est en se concentrant sur les causes du sentiment d’insécurité que nous pouvons développer des actions garantissant la tranquillité publique conformément aux fondements de la République démocratique.
Le constat est là :
- insécurité sociale: plus personne n’est à l’abri de perdre un emploi, et la peur du déclassement se généralise à tous les niveaux de la population.
- insécurité environnementale qui s’amplifie: pollution de l’air, de l’eau et des sols, risques d’accidents nucléaires, et événements météorologiques de plus en plus aigus liés au changement climatique.
- délinquance et incivilités ici sur-évaluées même si elles existent et doivent être prises en compte.
Nous ne pensons pas que la vidéosurveillance est, comme le disent ses partisans, une technique efficace pour la prévention de la délinquance et pour sa répression. Par contre, nous savons qu'elle représente un marché juteux sur lequel ce sont positionnés les grands groupes (Véolia et Vinci notamment).
Je vous invite d'ailleurs, à la sortie de ce Conseil et donc les votes faits, à regarder l'émission "Cash Investigation" sur la TV publique. Elle nous dévoile les dessous de ce formidable marché d’un milliard d’euros qu'est la vidéo-surveillance et révèle comment, dans un contexte de restriction des effectifs de police et de gendarmerie, l’État et certains élus ont dopé le chiffre d’affaires des entreprises du secteur.
Ils appellent cela "le business de la peur" et nous reprenons volontiers ce terme à notre compte.
Pour toutes ces raisons - et non par idéologie ou par angélisme, nous disons que le développement de la vidéosurveillance n'est pas une bonne nouvelle pour notre ville, mais un gaspillage d'argent public et un renforcement de la « crédulité technologique » chez nos concitoyens inquiets que la vidéosurveillance « rassure » parfois, et parfois pas, mais qu'elle ne protège pas réellement.
Nous souhaitons par ailleurs qu' une évaluation annuelle de l’efficacité du dispositif soit réalisée.
I.Eymes @chd
Même si nous notons dans le programme qui nous est présenté ce soir des points positifs comme par exemple le dispositif "cœur d'agglo" nous réitérons ce soir la question de l’efficacité du dispositif de vidéo-surveillance au regard des sommes investies et des effets qu’il est censé produire en matière de prévention de la délinquance. Vidéo-surveillance que vous nommez ici pudiquement vidéo-protection.
Pour vous éviter de nous stigmatiser en nous accusant de ne pas tenir compte des préoccupations de nos concitoyens ou bien encore d'être dans une opposition systématique à tous projets nous allons vous faire part des éléments sur lesquels nous nous appuyons pour fonder notre avis négatif sur la question.
D'abord un rapport de la cour des comptes de 2011 par lequel elle pointe la faible professionnalisation des polices municipales. Or, Opérateur de vidéosurveillance, est un métier qui requiert des compétences techniques et le respect d’obligations déontologiques particulières. Et vous n'en dites rien dans votre programme.
La Cour des Comptes établie une valeur moyenne d’exploitation de 7400 euros par caméra et par an, coût de fonctionnement que vous n'abordez pas non plus. Rémunération des personnels, maintenance des équipements et loyer de la fibre optique... Combien cette exploitation va-t-elle coûter chaque année aux cadurciens? On ne sait pas.
La Cour des Comptes rappelle que la préservation de la sécurité publique incombe principalement à l’État qui « exclut de devenir lui-même un opérateur mais demande aux collectivités de tenir à sa disposition les images qu’ils recueillent ». Donc si la finalité du système est l’élucidation des faits de délinquance, compétence exclusivement régalienne, pourquoi serait-ce aux collectivités de régler la facture ? La demande de l’État d'implantation en entrée et en sortie de ville n'est rien moins qu'un transfert de charge de l’État sur le contribuable cadurcien.
Quid de la Préfecture ? Dans l’histoire, le préfet est juge et partie : pressé par le ministère de l’Intérieur de promouvoir la vidéosurveillance auprès des élus pour coller aux consignes nationales, il délivre des autorisations même là où la délinquance baisse. Et nous allons le voir elle baisse.
Donc les chiffres : Les chiffres de la délinquance du département du Lot le classe 8ème département sur 97 au niveau national des départements où la délinquance est la plus faible.
A titre indicatif, le nombre de faits enregistrés par les services de police et de gendarmerie pour la zone du département du Lot ainsi que celle où est située Cahors, a évolué de la manière suivante sur une année:
baisse de -18,69% du nombre de cambriolages d'habitation principale,
baisse de -18,75% des vols violents sans arme sur les femmes,
baisse de -36,36% des viols sur majeurs,
baisse de -28,57% des mauvais traitements sur enfants,
baisse de -30,51% de la falsification et l'usage de carte de crédit,
hausse du nombre de vols de voitures de 36,08%,
hausse de l'usage de stupéfiant de 28,22%,
hausse du travail clandestin de 46,15% ( délinquance économique ).
Même si Cahors s'illustre dans les vols concernant les voitures, on comprends bien que ce ne sont pas ces chiffres qui légitiment l'implantation des 26 caméras.
Du reste là aussi vous ne donnez aucune information.
Pour Cahors les chiffres sont inférieurs à la moyenne nationale en ce qui concerne les violences faites aux personnes mais légèrement supérieures en ce qui concerne les vols et les dégradations notamment les vols liés aux automobiles et les cambriolages ( 68% contre 66% ). Détaillons un peu les cambriolages et l'on voit qu'en ce qui concerne les résidences principales Cahors (3,31%) est en deçà des chiffres de Midi-Pyrénées (4,03%) et de France (3,04%).
Je passe sur le dispositif de floutage des images qui sont facilement défloutées dès que besoin par les services de police et dont l'exploitation pose la question du respect des libertés individuelles.
En dernier lieu attardons nous sur l'Enquête du Grand Cahors menée récemment dans le cadre du projet de territoire : Trois quarts des enquêté-es déclarent se sentir en sécurité que ce soit dans le centre historique (73,8%) ou dans le reste de la ville (76,0%).
La problématique la plus importante mise en avant dans cette enquête n'est pas la sécurité mais les questions de mobilité.
Enfin l'efficacité douteuse du dispositif. Si l'on peut constater quelques avantages à la vidéosurveillance – comme déterminer quels effectifs de police mobiliser en fonction de la gravité des faits, interpeller en flagrant délit, modifier les itinéraires des patrouilles – les citoyens doivent savoir que les caméras de rue ont un apport très limité à la répression pour un prix très élevé. En effet, les statistiques démontrent que la vidéosurveillance a un impact quasi nul sur le taux de délinquance, au mieux seul le sentiment d'insécurité régresse.
En fait, le rôle préventif de la vidéo-surveillance n’a été démontré que dans les seuls lieux fermés comme les centres commerciaux où les délits ont effectivement été réduits de 50%.
Et quand bien même, on constatera une diminution des délits dans les endroits ouverts où sont placées les caméras, je vous mets ma main à couper qu'on observera en même temps qu’ils se seront aussitôt déplacés là où il n’y en a pas.
Alors allons nous mettre des dispositifs partout dans les lieux publics ? Mais non!
D’autres politiques de prévention et de sécurité publique sont possibles : c’est dans l'humain et le social que réside l'origine des problèmes, c’est là également que se trouveront les solutions durables et non dans les nouvelles technologies comme vous le glissez au passage et entre parenthèses. La fameuse "smart city" ou le mirage d'une ville connectée qui promeut une gestion automatisée des infrastructures pour améliorer la qualité de vie des citoyens. (Le 1er forum a eu lieu en 2014 à Toulouse à l"initiative de M. Moudenc)
A l'inverse, nous pensons que c'est en se concentrant sur les causes du sentiment d’insécurité que nous pouvons développer des actions garantissant la tranquillité publique conformément aux fondements de la République démocratique.
Le constat est là :
- insécurité sociale: plus personne n’est à l’abri de perdre un emploi, et la peur du déclassement se généralise à tous les niveaux de la population.
- insécurité environnementale qui s’amplifie: pollution de l’air, de l’eau et des sols, risques d’accidents nucléaires, et événements météorologiques de plus en plus aigus liés au changement climatique.
- délinquance et incivilités ici sur-évaluées même si elles existent et doivent être prises en compte.
Nous ne pensons pas que la vidéosurveillance est, comme le disent ses partisans, une technique efficace pour la prévention de la délinquance et pour sa répression. Par contre, nous savons qu'elle représente un marché juteux sur lequel ce sont positionnés les grands groupes (Véolia et Vinci notamment).
Je vous invite d'ailleurs, à la sortie de ce Conseil et donc les votes faits, à regarder l'émission "Cash Investigation" sur la TV publique. Elle nous dévoile les dessous de ce formidable marché d’un milliard d’euros qu'est la vidéo-surveillance et révèle comment, dans un contexte de restriction des effectifs de police et de gendarmerie, l’État et certains élus ont dopé le chiffre d’affaires des entreprises du secteur.
Ils appellent cela "le business de la peur" et nous reprenons volontiers ce terme à notre compte.
Pour toutes ces raisons - et non par idéologie ou par angélisme, nous disons que le développement de la vidéosurveillance n'est pas une bonne nouvelle pour notre ville, mais un gaspillage d'argent public et un renforcement de la « crédulité technologique » chez nos concitoyens inquiets que la vidéosurveillance « rassure » parfois, et parfois pas, mais qu'elle ne protège pas réellement.
Nous souhaitons par ailleurs qu' une évaluation annuelle de l’efficacité du dispositif soit réalisée.
I.Eymes @chd
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