Intervention Grand Cahors 07.12.2015

Projet de Territoire
Vote CONTRE

Je remercie M. Tillou de sa conclusion sur les valeurs du Projet de Territoire et certainement que si elles avaient été écrites de cette façon , je n'aurai pas eu à faire la première partie de mon intervention.

Donc un étonnement sur les valeurs déclinées. Identité et gouvernance nouvelle me parlent parce-qu’elles obligent à développer une certaine vision du territoire en harmonie avec des manières d'être et d'agir. J'aurai tendance à penser que les suivantes sont plutôt des intentions ( attractivité ..)
J'aurai compris par contre : "Ce projet veut porter"...
un territoire apprenant et créatif,
un territoire de développement durable,
(un territoire) solidaire, assurant la cohésion sociale,
(un territoire) participatif, citoyen et ouvert.
On peut bien sûr considérer qu'il s'agit simplement d'une question de dialectique mais je ne le crois pas. Je crois au contraire que cela reflète bien notre Assemblée: un effacement du débat politique au profit de la gestion.
Alors je n'ai pas participé à toutes les réunions et j'ai peut être une vision tronquée du processus d'élaboration de ce projet mais de ce que j'ai vu, le débat d'idée n'a pas vraiment eu lieu. En tout cas, s'il a eu lieu il n'apparaît pas dans le document et c'est dommage. Ce qui nous donne à l'arrivée un catalogue, certes intéressant ( légumerie, politique de l'habitat, RAM..) mais qui aborde peu le fond et qui pourrait être ainsi transposé sans trop de difficulté à un autre territoire aux caractéristiques similaires. M. Marre a dit "générique", je retiens le terme.
Pas de débat sur l'agriculture: de quelle agriculture parlons-nous ? De quelle agriculture avons nous besoin ?  On n'en parle pas
Pas de débat sur le commerce: est ce que l'on continue à favoriser l'extension des grandes enseignes qui tuent le petit commerce ? La consom'action gagne du terrain et c'est tant mieux : est ce qu'on en tient compte, est ce qu'on la favorise ? On n'en dit rien.
Et l'on peut ainsi se pencher sur tous les points de la page et du document. Donc je trouve qu'il manque cette dimension du "Pourquoi" en terme de débat d'idées et de choix de société, ce qui me ramène à mon interrogation première sur les valeurs. Je regrette aussi que l'Artisanat d'Art n'ai pas été retenu comme pôle de compétence à développer et qu'en matière d'énergie renouvelable il ne soit mentionné que les réseaux de chaleur bois.

Ensuite, je dirai que ce projet est quelque peu "hors sol". Partout sur notre territoire, se mènent des luttes sociales pour la sauvegarde des Services Publics : Trésoreries, Bureaux de Poste, gendarmerie, écoles, service ferroviaire, de santé...Tout ces services publics on le sait sont porteurs de lien social et sont indispensables à notre ruralité. Sans eux, même si nous résistons, le monde rural va à terme se vider au profit des métropoles et des villes centre. Un collectif de défense «Vivre et travailler partout dans le Lot» s'est même créé. C'est peu dire combien nous serons à côté des préoccupations des grands-cadurciens si nous ne portons pas cette question haut et fort dans le projet de territoire.
M. Le Président, vous avez prononcé le mot en introduction mais je constate qu'il n'est fait dans ce document aucune référence à l'attachement au Service Public. Je crois même que le mot n'est jamais écrit. Pire peut être : on n'y parle que de "services". Je ne peux pas être d'accord avec cela.
Enfin, et je sais que vous m'attendez là dessus, n'est ce pas faire preuve d''incohérence que de déclarer vouloir "favoriser une mobilité durable, réduire les émissions de gaz à effet de serre, développer les transports collectifs et favoriser leur accès à tous" d'une main  et de l'autre condamner une ligne ferroviaire?
Franchement pouvons nous mettre au même niveau le potentiel d'un  train et celui d'une piste cyclable ? Et ce à tous les niveaux : développement et aménagement du territoire, mobilité pour tous, échanges économiques entre bassins d'emploi, environnement, tourisme... et la liste est encore longue.
La voie verte on l'a déjà avec les chemins existants. Peu d'investissements sont nécessaires pour optimiser son intérêt touristique, par exemple créer des  synergies avec la navigabilité du Lot, chose bien plus compliquée avec la voie ferrée puisqu'elle n'a aucun accès à la rivière.
Si la ligne est déferrée, plus aucun train ne roulera dessus, dire le contraire c'est vouloir rouler les gens dans la farine. Et les gens, ce sont eux qui vont payer.
Et si les gens n'en disent rien, les urnes, elles, parlent.

Je crois que les utopistes aujourd'hui sont ceux qui persistent à penser que l'on peut continuer sans rien changer, que l'on peut à la fois s'engager dans la transition énergétique et à la fois condamner la haute vallée du Lot au tout routier. Ceux là sont des utopistes et non ceux qui portent des propositions ambitieuses dans l'intérêt de tous.
Peut-on envisager en pleine COP21 que le territoire du Grand Cahors tourne le dos aux enjeux climatiques et ne prenne pas le train en marche ?
Commençons donc par finir le tronçon Douelle-Cahors et prenons le temps de réfléchir à la suite bien qu'à priori cela ne semble pas envisagé et que l'on nous vende même ce projet comme faisant l'unanimité.

Je vais donc déplacer la question.
Nous n'avons connaissance ni du cahier des charges, ni des conclusions des études menées par le Conseil Départemental. Par conséquence nous n'avons pas non plus d'estimations chiffrées officielles mais il semble que l'on doive compter aux environs de 30 M d'euros au bas mot. Le Grand Cahors ayant cofinancé les dites études à hauteur de plus de 3%, si sa participation au projet est appelée à la même hauteur, cela représente pour lui un investissement de plus d'1 M d'€, ce qui, dans la période va lui coûter un bras. Et c'est sans compter avec les coûts d'entretien et de fonctionnement de la structure dont RFF sera bien content de se débarrasser.

Bien sûr je sais que certains ici, beaucoup peut être, sont sceptiques voire opposés à la réouverture de la ligne CCF. Pourtant, pour environ 30 M d'€, avec des financements européens qui plus est, il est possible d'y faire recirculer un train à 50km/h, ce qui revêt un avantage touristique indéniable pour ne parler que de celui-là.

Alors, comme il nous est proposé ce soir de voter un "package", je demande que l'aménagement de la voie verte soit retirée du projet de territoire avant que d'être mis au vote de ce soir car nous n'avons aucun élément chiffré sur ce dossier, ni aucun prévisionnel sur ses retombées économiques. En tout cas je vous souhaite bon courage pour convaincre nos concitoyens qu'investir en aveugle une telle somme dans ce projet constitue une bonne gouvernance dans une période où les collectivités pleurent misère et alors que les besoins sont criants.

Pour finir, je voudrai vous donner quelques nouvelles de la gare de Cahors. La gare Grande ligne de Cahors va mal. La réorganisation prévue se fera certainement en début d'année 2016. Elle implique une réduction des effectifs (-2 sur 4) et du service au guichet en terme d'amplitude horaire, probablement leur fermeture les samedis matins, jour le plus fréquenté, donc des guichets fermés tout le week-end.
La direction SNCF est en train de finaliser le recul de ce service public pour notre territoire. Elle va chercher à endormir les élus en mettant en avant des travaux pour refaire l'espace vente de billets qui n'en a pas besoin. Résultat : subsistera certainement 1 seul guichet  à la place des 3 composants l'espace actuel. De cette façon, le retour à une éventuelle activité sera bloqué.
La part belle sera faite aux distributeurs automatiques. Au final ce sera moins de présence humaine et de service public. Clairement c'est un glissement de plus vers une gare TER et cela remets de nouveau en question les arrêts grandes lignes comme le POLT, qui comme l'a souligné M. Simon, est un axe important qui nous permet de nous tourner à la fois vers Toulouse et vers Paris.

I.Eymes
@chd

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