Programme de Réussite Educative

Délib 19 : Abstention

Ce dispositif dit de "Réussite Éducative" instauré sous le gouvernement Raffarin, nous laisse plutôt méfiants et perplexes.
     On voit que l’effort des PRE est mis sur l’accompagnement des familles par la coordination des professionnels, mais que pour ce qui est des interventions auxquelles sont exposés les enfants, ils recourent pour l’essentiel au droit commun déjà existant sur le territoire. Donc on est sur des questions d’ingénierie institutionnelle qui soulèvent des points sensibles parce qu’amener les différents acteurs (école, services sociaux, municipalités etc.) à travailler dans ce cadre ( pour mettre en place une réponse globale aux difficultés des familles) oblige à ré-interroger les champs de compétence de chacun . Certains estiment que ce dispositif a un effet "étiquetage" qui entraîne des effets négatifs sur la relation de confiance à la personne. Et pire encore, que cela pourrait altérer " Le jugement que les enseignants portent sur leurs élèves - qui-  n’est pas le simple reflet de la réalité mais une construction fondée sur des informations diverses. Le PRE pourrait donc fonctionner comme une "prophétie autoréalisatrice" sur le plan scolaire. "
Ce n'est pas moi qui le dit mais l'Institut des Politiques Publiques ( dans un rapport datant de Mars dernier). Il a évalué les effets des PRE en comparant l'évolution de 404 enfants de CE1 et CM1 bénéficiaires des PRE avec celle d'enfants ayant des caractéristiques comparables mais ne bénéficiant pas du dispositif.
Et là cela devient très intéressant parce-que , voilà ce que dit cette étude. « Lancés en 2005, les PRE touchent 100 000 jeunes et coûtent près de 100 millions. Apparemment en pure perte : ll n’existe pas, dans nos données, d’indice permettant de démontrer que les Programmes de Réussite Educative (PRE) ont en moyenne, fait progresser, sur le plan cognitif et non-cognitif, les enfants bénéficiaires davantage que des enfants non-bénéficiaires aux difficultés de départ très comparables".
 > Pas d'effet sur le bien être
 > Peu d'effet sur les résultats scolaires
 > Peu d'effet sur les relations entre les parents et l’école qui "n’ont pas évolué de façon significativement différente entre les élèves bénéficiaires et les autres". On irait même, du point de vue de l’enseignant, "dans le sens d’une diminution des relations entre la famille et l’école"
 > Pas de dynamique sociale positive . Sur le plan des relations sociales, " le sentiment qu’il est facile d’avoir de l’aide dans son quartier en cas de problème ne s’améliore pas, malgré les contacts réguliers du coordinateur avec la famille »
Bon, donc tout cela nous interroge sur l'utilité du dispositif et les finalités poursuivies et nous allons nous abstenir sur cette délibération.
Isabelle Eymes @chd

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