Conseil du 05 mars 2015

Débat d'Orientation Budgétaire

Je remercie Monsieur Jarry de son exposé de la situation.
Nous connaissons déjà bien les paramètres du débat de ce soir : une situation économique déprimée dont le plus frappant est sans doute aujourd’hui l’absence de perspectives.
"En 20 ans, la finance a pris le contrôle de l’économie, de la société et même de nos vies" Cette phrase est tout à fait juste. Elle n'est pas de moi, elle a été prononcée par François Hollande il y a trois ans à peine. Depuis la Finance se porte toujours aussi bien . Merci pour elle.
En 2014, les entreprises du CAC 40 ont versé 56 milliards de dividendes et actions à leurs actionnaires , soit +30% en un an, autant qu'en 2007 avant la crise.
Vous m'excuserez pour cette digression de politique générale mais il me semble utile de développer à minima le contexte social et économique ambiant puisque le budget présenté ce soir se place, sans aucune remise en question, sous le cadre étroit des orientations gouvernementales.
Et je le fais d'autant plus tranquillement que @cahors l'humain d'abord n'est pas candidat aux élections départementales et qu'on ne pourra donc me taxer de manipulation politique quelconque. Mais nous ne pouvons pas ignorer que cet abandon des territoires constitue un des arguments majeurs en territoire rural du Front National.

Donc , la crise économique et sociale n’est pas terminée, les dotations continuent de diminuer, et comme vous l’indiquez, notre communauté d'agglo est touchée par la baisse drastique des concours de l’état.
Cette politique de réduction des dotations de l'Etat n'est pas nouvelle ; elle a été engagée depuis au moins l'année 2008 mais elle s’est nettement accentuée par les dernières mesures du gouvernement : 11 milliards d’euros sur 3 ans.
Pour notre collectivité, vous l'avez dit, c'est 3 millions d'euros en moins dans la caisse.
Cette diminution brutale des dotations de l’Etat  oblige à rechercher un équilibre budgétaire difficile et empêche de pouvoir débattre de scénarios différents. Comme il n’y a pas vraiment d’autres recettes capables de compenser cette baisse de dotation, il ne reste plus qu’à opter pour diminuer fortement les dépenses de fonctionnement et limiter les dépenses d’investissement afin d' équilibrer le budget .Le problème restant entier de toute façon pour les années suivantes car la poursuite de la diminution des dotations jusqu'en 2019 va amplifier l’asphyxie des finances du Grand-Cahors. Conséquence: une austérité budgétaire qui amplifiera la récession locale et détruira par effet domino de nombreux emplois sur notre territoire.

Posons-nous la question du message envoyé aux agents de la collectivité par ce plan d’économie et aussi à la population qui voit par ailleurs les services publics se dégrader , voire disparaître autour d'elle:  éducation, chemin de fer, poste : il ya actuellement à Gourdon des postiers en grève de la faim il faut le savoir, et demain les hôpitaux puisqu'un plan d'économie de 3 milliards a été annoncé il y a quelques jours par la ministre Marie-sol Touraine.
Tout passe à la moulinette austéritaire, la priorité donnée ainsi à la finance est désastreuse pour les habitants.
Serons nous épargnés ? Non , bien entendu. Même si l'on appelle le Lot "La petite Corse" nous sommes pleinement dans la République et ce qui s'applique aux autres s'appliquent à nous.
Pouvons nous occulter le réel ? Je suis déjà intervenue en ce sens lors des travaux sur le projet de territoire en vous parlant de l'avenir sombre du ferroviaire et de ses conséquences néfastes pour le Lot.
Oui, bien entendu, la réforme ferroviaire passe aussi par nous, tout comme passera par nous la loi Macron et le TAFTA .Et ce sera catastrophique pour la ruralité, sans parler de la réforme des collectivités territoriales qui met clairement en danger l'échelon communal au profit des EPCI et des métropoles.

Donc, comment maintenir des politiques offensives pour le développement de notre territoire alors même que nous sommes contraints à l’austérité et à la réduction de nos interventions ?
Et bien , je n'ai pas moi , l'oreille du gouvernement socialiste pour lui dire  qu'il est en train d'éteindre l'un des derniers moteurs de la dépense publique que sont les collectivités locales, mais pour autant je me refuse à appréhender ce budget sous le prisme unique des contraintes budgétaires. 

Ce sont à partir des besoins et des urgences exprimés par la population qu'il nous faut débattre. Parce que sinon , au final , force est de constater que d’année en année rien ne changera dans nos orientations budgétaires alors que tout change autour de nous.

Un budget n’est pas seulement un alignement de chiffres : il traduit des priorités politiques , et  les priorités doivent être les besoins des grands cadurciens dans toute leur diversité. A ce sujet, nous avons relevé dans le rapport quelques éléments que nous soumettons au débat.
Tout d'abord le projet dit "voie verte" chiffré à plus d'1millions d'euros et planifié  à partir de 2018 : Voilà une économie toute faite . Ne participons pas à ce projet couteux et inutile qui va ponctionner une somme considérable dans nos finances sans répondre aux attentes des lotois. C'est une abération de penser que nous allons soutenir l'économie touristique par ce biais.
Le site du conseil général lui même fait l'éloge des chemins de Compostelle classés au patrimoine mondial par l'UNESCO , 700 km de GR , 6488 km de chemins de randonnées répartis dans 334 communes lotoises. Voilà l'atout de notre territoire. Il est reconnu sur tous les sites de randonnée pédestre  et de cyclo tourisme. Nous avons des entreprises lotoises qui travaillent à développer le concept du VTT à assistance électrique.
Mettre en synergie les ressources patrimoniales de notre territoire et l'innovation technique pour développer un tourisme sportif et familial vecteur de développement économique, voilà l'avenir.

A l'inverse, le classement "hors mandat" de la réhabilitation du gymnase Pierre Ilbert le renvoi aux calendes grecques ainsi que " le projet sportif local " et avec lui la réponse aux besoins de ces nombreux clubs répartis sur tout le territoire qui font au delà de leur vocation sportive et à longueur d'année, du lien social avec nos jeunes et la population.

Ensuite les lignes inter-communales et la mise en place sur l'été de la ligne Cahors-Saint Cir Lapopie ( navette)  à laquelle le Grand Cahors contribue financièrement par la taxe Versement Transport et dont le coût n'apparait d'ailleurs pas dans ce rapport, alors que l'exploitation se fait par deux privés (Raynal voyages et  Quercy découvertes).

A l'inverse, je m'interroge sur les besoins de Cahors -Sud, bassin économique de plus de 700 salariés, où aucun transport collectif n'est proposé au détriment de l'accès à l'emploi et de la question environnementale.
Quand à la ligne inter-communale Cahors-Espère, si elle apporte une réponse aux besoins des salariés et autres grands cadurciens, elle ne doit pas nous faire oublier que nous avons des trains TER qui circulent sur cet axe et qu'il serait légitime de demander à la SNCF la remise en place par exemple, d' arrêts en gare de Mercuès.

Nous notons avec intérêt le cap que vous indiquez, à savoir la pérénnité financière  de notre collectivité. Cependant avec 1,3 millions d'économies à réaliser d'ici 2017  cette perspective  est fragile et aléatoire. 

Nous souhaitons que la continuité de l’effort d’investissement soit recentrée sur les besoins des grands cadurciens , que l'on arrête par exemple de construire des pergolas gigantesques qui ne servent pas à grand chose si ce n'est à promouvoir une image tronquée et lissée du territoire ( il est curieux de penser que les touristes ne voient de Cahors que la place Mitterrand). Mettons plutôt l'accent sur les besoins de toutes les communes du GC.

Etait il nécessaire de construire le CHAI alors que le projet de départ consistait si je me souviens bien, en un FJT et une auberge de jeunesse en lieu et place de ce qui va devenir un hôtel 5 étoiles ?

Cette disproportion entre le projet abouti et les intentions de départ doit nous alerter de manière générale sur la nécessité à poser des objectifs clairs et à s'y tenir, sous peine de voir l' enveloppe budgétaire exploser et l'équilibre rompu.

Enfin , je terminerai sur un sujet qui ne semble pas tenir au débat d'orientation budgétaire mais qui a tout à y voir puisqu'il s'agit du fonctionnement démocratique de notre Assemblée. Je pense que tant que nous nous réunirons dans les conditions qui sont celles de ce soir , tant que nous ne verrons chacun que le dos du conseiller communautaire qui est devant nous , il sera bien difficile d'avoir des débats et des échanges productifs.








Isabelle Eymes
@cahors l'humain d'abord

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire